ANALYSE
DES ERREURS GRAMMATICALES ET EFFETS CONTEXTUELS DANS LA PRODUCTION ECRITE DES
APPRENANTS PLURILINGUES PENDANT LE PROCESSUS D’APPRENTISSAGE DE L’ESPAGNOL
LANGUE ÉTRANGÈRE : CAS DES ÉBRIÉS
AGRÉ Agré Jules Arnaud
Docteur ès-Lettre
Université Félix Houphouët-Boigny
Abidjan-Cocody, Côte d’Ivoire
Résumé
Cet article
s’inscrit dans la dynamique du processus
d’enseignement/apprentissage/acquisition de l’Espagnol Langue Étrangère en Côte
d’Ivoire. Nous sommes dans un cadre où la langue espagnole en plus d’être une
langue étrangère est une langue seconde dans un contexte académique pour les
apprenants ivoiriens. Pour montrer alors comment le substrat de la langue
maternelle conditionne l’apprentissage d’une langue étrangère, notre étude a
consisté à comparer les catégories grammaticales de l’ébrié à celles de l’espagnol. Le présent travail a eu pour objectif
d’identifier, de décrire et de classer les différents types d’erreurs commises
par les ébriés
et d’en analyser les sources. Pour finir, nous avons fait des propositions de
solutions en vue de faciliter le processus
d’enseignement/l’apprentissage/acquisition de l’espagnol langue étrangère en
Côte d’Ivoire.
Mots-clés :
Langue étrangère/seconde, acquisition des langues, erreur, analyse contrastive,
analyse des erreurs, enseignement/apprentissage/acquisition des langues
étrangères.
Abstract
This
article deals with the process of teaching/learning/acquisition of Spanish as a
foreign language in Ivory Coast. The study is held in an environment where
Spanish, in addition of being a foreign language, is a second language for
Ivorian learners. In order to show how one’s mother tongue influences a second
language acquisition, we compared grammatical categories of Ebrié language to
Spanish ones. Therefore, the objective of the study was to identify, to
describe and classify the different types of mistakes made by Ebrié people in order
to study the causes. At the end, the study suggests some solutions to ease the
process of of teaching/learning/acquisition of Spanish as a foreign language in
Ivory Coast.
Keywords:
Foreign/second language,
acquisition of languages, mistake, contrastive analysis, mistakes analysis,
teaching/learning/acquisition of foreign languages.
Resumen
Este artículo trata sobre el proceso de enseñanza / aprendizaje / adquisición
del español como lengua extranjera en Costa de Marfil. El estudio se lleva a
cabo en un entorno donde el español, además de ser un idioma extranjero, es un
segundo idioma para los estudiantes de Costa de Marfil. Para mostrar cómo la
lengua materna influye en la adquisición de una segunda lengua, comparamos las
categorías gramaticales del idioma ebrié con las del español. Por tanto, el
objetivo del estudio fue identificar, describir y clasificar los diferentes
tipos de errores cometidos por los ebrié para estudiar las causas. Al final, el
estudio sugiere algunas soluciones para facilitar el proceso de enseñanza /
aprendizaje / adquisición del español como lengua extranjera en Costa de
Marfil.
Palabras clave: lengua
extranjera / segunda lengua, adquisición de lenguas, error, análisis
contrastivo, análisis de errores, enseñanza / aprendizaje / adquisición de
lenguas extranjeras.
Introduction
L’homme
est un être en perpétuel apprentissage. Cet apprentissage se fait souvent consciemment
et d’autres fois inconsciemment. Mais quelle que soit la manière ou le secteur,
l’erreur est un facteur indissociable du processus d’apprentissage. Dans le
processus d’apprentissage/acquisition des langues, les apprenants commettent
tous des erreurs de divers ordres. Ces erreurs sont mal acceptées tant dans le
domaine de l’enseignement des langues que dans tout autre domaine car elles
sont considérées comme des facteurs négatifs. C’est sans doute pour cette
raison que de nombreux chercheurs s’intéressent à la notion d’erreur. A cet
effet, plusieurs approches pour comprendre les causes de celles-ci ont vu le
jour. Nous avons entre autres l’Analyse Contrastive (AC), l’Analyse des Erreurs
(AE), l’interlangue pour ne citer que celles-là.
En
situation d’apprentissage, les apprenants d’une Langue Étrangère/Seconde ont un
point de départ. Le plus souvent, ce point de départ est la langue maternelle.
Ils s’en servent pour résoudre des difficultés rencontrées dans la
langue-cible. Les ébriés apprenants l’espagnol ne sont pas en marge de ce
constat. Face à cette remarque, il nous incombe de nous demander comment les
catégories grammaticales de l’ébrié pourraient conditionner le processus
d’apprentissage/acquisition de l’Espagnol Langue Étrangère ? pour nous,
les erreurs que commettent ces apprenants sont dues aux interférences
linguistiques. Cet article mettra donc en évidence les erreurs grammaticales
récurrentes dans la production écrite des plurilingues ébriés apprenant
l’espagnol à partir de l’AC et l’AE. La méthodologie utilisée dans le présent
travail est la méthode hypothético-déductive.
1- Objectif
de l’étude
L’objectif
de notre travail est de montrer les problèmes des langues non-natives plus
précisément ceux liés à l’enseignement/apprentissage/acquisition de l’espagnol.
A cet effet, nous pouvons affirmer que la présente étude a deux portées. La
première consiste à mettre en évidence les difficultés majeures de la
didactique des langues et les sources de ces difficultés. Quant à la seconde,
il s’agira de proposer des solutions philogogiqueset
linguigogiquesen
vue d’atténuer les effets du substrat de la langue maternelle et/ou langue
première et faciliter le processus d’enseignement/apprentissage/acquisition de
l’espagnol.
Pour mener à bien cette étude, il nous
incombe de préciser les objectifs de celle-ci que nous déclinons en deux :
l’objectif de l’étude et les objectifs d’une étude contrastive.
2- Cadre
théorique d’analyse
Pour
étudier les erreurs, il y a plusieurs approches. Dans notre travail, nous nous
appuierons sur les théories de l’Analyse contrastive, de l’Analyse
des Erreurs, de la notion même de l’erreur et de l’interlangue
que nous jugeons pertinentespour montrer les erreurs réelles que commettent les
apprenants d’origine ébrié dans le processus d’apprentissage/acquisition de
l’espagnol.
2-1.
L’Analyse Contrastive (AC)
Dans
l’apprentissage des langues, l’influence de la langue maternelle sur la L2 a
été objet de grands débats. Jusqu’à quel point les similitudes et les
divergences entre la L1 et la L2 peuvent conditionner la seconde langue. C’est
ainsi que Charles FRIES (1945) et Robert LADO (1957)
partant de la Linguistique Contrastive,
ils vont proposer l’AC comme méthode d’analyse pour essayer de résoudre ce
problème auquel est confronté l’humanité en général et l’enseignement des
langues en particulier. C’est ainsi que dans les années 50, l’AC voit le jour
dans le but d’améliorer l’enseignement des langues à partir de la comparaison
d’au moins deux systèmes linguistiques. Son objectif principal est
l’élaboration d’une grammaire contrastive afin de comparer la grammaire
descriptive d’au moins deux (2) langues de sorte à créer une hiérarchisation
des différents niveaux d’une grammaire de manière différente, et d’établir des
niveaux de difficultés précis et leur nature pendant l’apprentissage de la
lange cible. Elle se propose de prédire ou diagnostiquer avec une certaine
exactitude des parties de la structure de la langue cible susceptible de
représenter des problèmes que rencontrera l’apprenant tout au long de son
apprentissage. Ainsi, l’enseignant, sachant les
éventuelles difficultés des apprenants, pourra orienter son enseignement pour
les amenuiser.
C’est
par ces termes que Howard JACKSON (1981 : 195) citant HAMMER et RICE définit
l’AC :
«
A systematic comparison of selected linguistic features of two or more
languages, the intent of which is… to provide teachers and textbook writers
with a body of information which can be of service in the preparation of
instructional materials, the planning of courses, and the development of
classroom techniques. »
2-2.
L’Analyse des Erreurs (AE)
Dans
la seconde moitié des années 60, l’AE naît et se propose de voir plus loin que
l’AC en décrivant les erreurs selon leur catégorie grammaticale. Mieux, elle se
propose d’expliquer les raisons de ces erreurs. Pit CORDER en 1967 publie les
premières études qui expliquent les erreurs systématiques des apprenants d’une
seconde langue en s’appuyant sur leur production orale et écrite. Cette
nouvelle théorie d’analyse va révolutionner l’étude des erreurs dans
l’apprentissage des langues étrangères. A partir de cet instant, de nombreux
chercheurs vont se rendre compte des limites de l’AC, c’est-à-dire son
incapacité à expliquer les erreurs commises par les apprenants mais surtout que
toutes les erreurs commises n’ont pas pour seule source l’interférence de la SL
avec la LE/L2.
2-3.
L’erreur
Généralement,
les termes "erreur" et "faute"sont pris l’un
pour l’autre et vis-versa. Cependant, l’erreur doit être perçu sous un
angle différent de la faute. A cet effet Seydou KONÉ (2014 : 142)
établit une différence univoque pour une meilleure compréhension de ces termes.
Selon ce linguiste ivoirien une « erreur » est
une déviation de la norme occasionnée par la fatigue, le manque de
concentration, la distraction… ou à un éventuel recours stratégique face à
laquelle l’apprenant lui-même a la capacité de s’autocorriger aussi bien dans
la production orale qu’écrite si l’occasion lui est donnée. Quant à une « faute
», c’est une imperfection provoquée par l’ignorance des règles
grammaticales de la langue cible qui apparait dans l’interlangue ». Pit
CORDER à ce sujet fait remarquer que toutes imperfections dans l’apprentissage
d’une langue ne doivent pas être systématiquement considérées comme des ‘erreurs’.
Pour comprendre ce qu’est une erreur, nous pouvons mentionner Juana Muñoz-
LICERAS (1992 : 37) qui cite CORDER en ces termes :
«Los errores de
actuación se caracterizan por su asistematicidad, los errores de competencia
por su sistematicidad (…) utilizaremos el término faltas parar referirnos a los
errores de actuación, reservando el término error para los errores sistemáticos
del alumno que nos posibilita reconstruir su conocimiento de la lengua objeto,
es decir, su competencia transitoria.»
Pour nous, l’erreur
est toute déviation linguistique des usages considérés exemplaires de la langue
culte.
James REASON
(1993 : 238) distingue trois types d’erreurs : « a) les ratés ou
lapsus, b) les erreurs dues à la mauvaise application de bonnes règles ou à
l’application de règles fausses et c) les erreurs basées sur la non prise en
compte de la totalité des détails, sur le choix d’éléments non pertinents, etc.
»
3-
Causes de l’erreurs
Pour
une meilleure appréhension de l’erreur, nous pensons indispensable d’identifier
les sources de celle-ci. Notons que l’introduction de l’analyse d’erreurs dans
la didactique des langues étrangères coïncide avec l’apparition de l’approche
communicative. Aujourd’hui, force est de reconnaître qu’il existe plusieurs
théories qui tentent d’identifier les sources d’erreurs. Cependant, deux (2)
d’entre elles sont les plus appréciées. Il s’agit de l’intraférence et l’interférence
ou transfert. En plus de ces deux approches, KONÉ (2006) parle dela
transposition.
3-1.
Intraférence
Nous
appelons intraférence le conflit interne des
règles grammaticales de la langue cible. Certains linguistes tels que Élaine
TARONE en examinant la source des erreurs en didactique soutient que « l’influence
de la langue maternelle serait négligeable ; il s’agirait plutôt d’erreurs
apparues en cours d’acquisition de la langue cible. [7]»
Les
erreurs intralinguistiques sont occasionnées par le système linguistique
de la langue cible elle-même. Si nous prenons le cas de « ser » et
« estar » en espagnol, leur emploie est tel qu’il peut être
source d’erreur non seulement pour un apprenant de l’espagnol mais également
pour un natif. Pour les nativistes en général et particulièrement pour TARONE,
les erreurs résultent de processus innés ou naturels qui sont supprimées
progressivement au fur et à mesure que s’acquiert aussi bien la langue
maternelle qu’une langue étrangère/seconde. C’est d’ailleurs pour cette raison
que les natifs dans l’acquisition de leur langue maternelle commettent des
erreurs. A cet effet, nous disons que les erreurs intralinguistiques
sont occasionnées pas ce que nous avons dénommé intraférence.
C’est-à-dire une inférence ou influence entre les systèmes internes même de la
langue.
3-2.
Interférences ou transferts
L’interférence
est l’influence de la LM sur la L2 de l’apprenant. Cette idée est farouchement
défendue par les représentants de l’AC qui considèrent que la L1 conditionne la
L2. De ce fait, la L1 est la source des erreurs commises par l’apprenant. C’est
en ce sens que le point de vue de TARONE a été sévèrement critiqué par James
Émile FLEGE. Pour lui, l’influence de la langue maternelle dans l’apprentissage
d’une langue n’est pas négligeable ; elle est plutôt la principale source
d’erreurs que commet l’apprenant d’une L2.
Robert
LADO (1957 :1) formule très clairement l’idée de transfert des
connaissances d’une langue à une autre en affirmant: « […] individuals
tend to transfer the forms and meanings, and the distribution of forms and
meanings of their native language and culture to the foreign language and
culture, both productively when attempting to speak the language (…) and
receptively when attempting to grasp and understand the language (…) as
practiced by natives. »
Comprenons
par transfert, une technique ou stratégie d’apprentissage grâce à laquelle,
l’apprenant se réfère aux connaissances des langues déjà acquises dans le
processus d’apprentissage des LE/L2 pour mieux comprendre les diverses règles
de la langue cible. MARTÍNEZ AGUDO (2004: 41) définit le transfert
comme: « […] un fenómeno lingüístico que consiste simplemente en el
empleo estratégico de los recursos lingüísticos disponibles de la lengua nativa
para suplir las deficiencias o limitaciones de conocimiento de la lengua objeto
de estudio. » Lorsque le transfert rend
l’apprentissage difficile et génère des erreurs, Uriel WEINREICH parle de
transfert négatif.
Les
erreurs d’interférence sont provoquées par le plurilinguisme rétroprospectif.
3-3.
Transpositions
Lorsqu’il
y a contact des langues, l’influence n’est pas à sens unique. C’est-à-dire, autant
la langue maternelle influence la langue cible, autant la langue maternelle est
influencée par la langue cible. Il arrive que l’apprenant se serve d’expression
de la langue cible dans sa langue maternelle dans des situations de
communication. C’est cette influence que KONÉ
(2006)
dénomme transposition.
4-
L’interlangue
Pour
faire référence aux différentes phases linguistiques que traverse l’apprenant
d’une L2/LE de nombreux chercheurs ont proposé divers termes. C’est alors qu’en
1967 CORDER propose le terme "compétence transitoire"
(“transitional competence”). Quelques années plus tard (1971), il proposera
dans cette même perspective le concept de "dialecte idiosyncratique"
(“idiosyncratic dialect”) et William NEMSER pour sa part parlera de "système
approximatif" (“approximative systems”). Après NEMSER et CORDER, Rémy PORQUIER
(1974) et Colette NOYAU (1976) proposent respectivement les termes “système
intermédiaire” et “système approché”. C’est en 1972 que le concept
"interlangue" a vu le jour avec Lary SELINKER. Pour cet auteur,
l’interlangue se définit comme un système linguistique propre à chaque individu
avec toutes les erreurs qu’il commet pendant les différentes étapes
d’apprentissage de la langue jusqu’à son acquisition.
5-
Présentation du corpus et des apprenants
Pour
une meilleure compréhension de notre étude, il nous incombe de donner des
précisions sur la manière dont nous avons recueillir les données pour forger
notre corpus. A partir d’un questionnaire soumis à vingt (20) apprenants
d’origine ébrié de quelques lycées d’Abidjan et banlieues et de l’université
Félix Houphouët-Boigny, nous avons pu relever que leur âge est compris entre 16
et 23 ans. Aussi, les apprenants des lycées ont un temps d’apprentissage
hebdomadaire de trois heures. Quant à ceux de l’université, le volume horaire
moyen est de quinze heures par semaine. Il faut signaler qu’ils ont tous un
niveau de compétence en ébrié qui leur permet de communiquer dans ladite
langue. Concernant leur compétence communicative en espagnol, si nous prenons
en compte leurs notes, nous pouvons dire qu’ils ont des acquis qui nous
permettent de faire d’eux des informateurs. Il convient également de faire
remarquer qu’en plus de leur langue maternelle, nos apprenants parlent le
français langue officielle de la Côte d’Ivoire et ont quelques connaissances en
anglais.
A tous les apprenants a été soumis un thème à partir duquel ils ont fait une
production écrite. Ces productions nous ont permis d’analyser les erreurs
commises.
6-
Résultats de l’analyse : classification
des erreurs grammaticales
Pour
le traitement des erreurs, toutes ne font pas partir de la même catégorie. Nous
avons classé les erreurs relevées dans la production de nos informateurs
selon les catégories grammaticales auxquelles elles appartiennent. Les erreurs
mises en évidence dans cette analyse ne sont pas les seules commises mais les
plus récurrentes.
6-1.
Erreurs adverbiales
Nous
avons constaté que la simplicité des adverbes en ébrié
dans leur emploi, peut provoquer en espagnol des erreurs de concordance en
genre et en nombre et des suppressions et de confusions d’adverbes chez les
apprenants.
1)
No estoy de acuerdo, él también.(No
estoy de acuerdo, él tampoco)
2)
Muchas embarazos.
(muchos embarazos)
3) ¿Comό
se trae eso? (¿cómo
se trae eso?)
6-2.
Erreurs prépositionnelles
Nous
remarquons que la simplicité des prépositions en ébrié peut être une source
d’erreurs telles que l’omission, l’addition et la confusion de celles-ci
en espagnol. En nous appuyant sur les productions des apprenants, comparons les
erreurs qu’ils commettent à celles prédites en lien avec l’emploi les
prépositions.
Tableau
de comparaison
Français
|
Espagnol
|
Ebrié
|
A
|
À
|
{
}
|
De
|
De
|
{
}
|
Avec
|
Con
|
Le
|
Dans
|
En
|
Romɛn
|
Pour
|
Para/por
|
{
}
|
Par
|
Por
|
{
}
|
4)
Estamos en vacaciones.
(Estamos de vacaciones)
5)
Quiero que venga en vacaciones con sus hijos.
(Quiero que venga para las vacaciones).
6) Debe
sensibiliza con
los embarazos en el medio escolar. (Debe sensibilizar
sobre los embarazos en medio escolar).
7)
Deseo que venga con sus hijos por las
vacaciones. (Deseo que venga con sus hijos paralas
vacaciones)
6-3.
Catégories verbales
En
ébrié, les auxiliaires n’existent pas. Cela peut provoquer en espagnol des
erreurs dans la formation des temps composés, des confusions de verbes.
Aussi, la simplicité des temps verbaux peut générer des erreurs dues à la confusion
de temps et des erreurs de concordance chez les apprenants. En
nous appuyant sur les productions des apprenants nous pouvons le vérifier.
8)
Es
esencial que tieneuna coche. (Es esencial que tenga un coche).
Es
necesario que tiene un coche. (Es necesario que tenga un coche).
9)
noDebehace…
(No debe hacer).
10)
Debe sensibiliza (Debe
sensibilizar).
11) Baila
la salsa como si estuviera un hispanόfono.
(Baila la salsa como si fuera hispanófono).
12)
El territorio nacional debe estar vigilado.
(El territorio nacional debe ser vigilado).
13)
Ese ejercicio no está si
fácil. (Este ejercicio no es tan fácil).
6-4.
Erreurs adjectivales
Nous
prétendons que la simplicité des adjectifs en ébrié,
peut provoquer en espagnol des erreurs d’accentuation, de genre et de
nombre, de concordance des adjectifs possessifs et démonstratifs, de genre de
la première et de la deuxième personne du pluriel, de positionnement des adjectifs
démonstratifs, de confusion des adjectifs démonstratifs, de confusion entre les
adjectifs démonstratifs et les pronoms démonstratifs chez les apprenants. En
nous appuyant sur les productions des apprenants, comparons les erreurs qu’ils
commettent à celles prédites.
14)
La escuela en estesituaciόn.(La
escuela en esta situación).
15)
Destruir vuestro vida. (Destruir
vuestra vida).
16)
Esta mensaje para sensibilizar.
(Este
mensaje para sensibilizar).
17) Nuestrocampaña…
(Nuestra
campaña…)
18)
Mi padre tiene una moto rojo. (Mi
padre tiene una moto roja).
19)
Mi padre tiene un coche blanca.
(Mi padre tiene un coche blanco).
6-5.
Confusion d’articles définis et indéfinis
L’inexistence
des articles en ébrié peut être une source d’erreurs telles que l’omission,
l’addition, la confusion, la concordance en genre et en nombre des articles.Pour
une meilleure compréhension observons le tableau ci-après avant d’en arriver
aux erreurs commises.
Tableau
de comparaison
Articles
|
Français
|
Espagnol
|
Ebrié
|
Articles
définis singuliers
|
Le,
la
|
El,
la, lo
|
{
}
|
Articles
indéfinis singuliers
|
Un,
une
|
Un,
una
|
{
}
|
Articles
définis pluriels
|
Les
|
Los,
las
|
{
}
|
Articles
indéfinis pluriels
|
Des
|
Unos,
unas
|
{
}
|
20)
Después de él hay un otro hombre.(Después
de él hay otro hombre).
21)
Es importante para los muchachas. (Es
importante para las muchachas).
22) Es
esencial que tieneuna coche. (Es esencial que tenga un coche).
7-
Suggestions de remédiation au problème de
l’enseignement/apprentissage/acquisition de l’ELE en Côte d’Ivoire
Nous suggérons des séances audios, audio-visuelles et
numériques dans les programmes de nos collèges et lycées. Aussi, l’enseignant
doit inciter les apprenants à la lecture personnelle de documents authentiques
(romans, magazines, journaux…) afin de permettre aux apprenants de s’approprier
le mode de parler des natifs espagnols en vue de faciliter l’expression et la
compréhension orales. Nous proposons également l’augmentation du volume horaire
hebdomadaire de cours d’espagnol dans les collèges et lycées qui est
présentement de 3heures par semaine.
La langue est le reflet de la culture parce qu’elle est
investie des valeurs et mœurs sociales de ses sujets. Bien comprendre et
utiliser une langue passe impérativement par la connaissance culturelle parce
que parler une langue ne se limite pas à une simple juxtaposition lexicale. A
cet effet, Amparo HURTADO ALBIR (2001 : 607) dit : « La traduction
ne s’effectue pas seulement entre deux langues mais bien plus entre deux
cultures différentes ; la traduction est donc une communication
interculturelle. C’est le transfert d’éléments culturels contenus dans un texte
de départ vers une langue cible ». Nous suggérons donc l’enseignement
de la culture et de la littérature espagnole dans le système scolaire ivoirien
dès le collège étant donné l’importance de l’âge dans le processus
d’apprentissage.
Vu
l’importance de la langue maternelle et/ou première langue dans le processus
d’apprentissage, en perspective nous préconisons l’enseignement des langues
locales dans nos collèges et lycées. Maîtriser sa langue maternelle, favorise
l’apprentissage de langues étrangères. C’est d’ailleurs à juste titre que Amandine
MAILFERT (2013 : 4) cite GOETHE en ces termes : « Qui ne connait
aucune langue étrangère, ne connait pas la sienne à fond ».
Conclusion
A
partir de l’analyse des erreurs faites, nous pouvons affirmer que les erreurs
commises par les ébriés apprenant l’espagnol sont en grande partie dues à
l’influence du substrat de leur LM. En effet, les divergences des différentes
catégories grammaticales de ces langues en contact génèrent des erreurs mises en
évidence dans la présente étude.
Pour
nous, l’erreur ne doit pas être considérée comme un facteur totalement négatif
comme peuvent le prétendre de nombreux chercheurs. Considérons-la comme un
facteur transitoire qui témoigne de la quête de la perfection de l’apprenant.
L’erreur est un indicateurdu niveau de compétence linguistique de l’apprenant.
Si elle est correctement gérée, elle permettra à l’apprenant de se
perfectionner et d’acquérir de l’expérience. Ainsi, il y aura une forte
probabilité que la même erreur ne soit commise à nouveau. C’est
à juste titre que Seydou KONÉ (2006 : 364) dit : « […] la fase en la
que cuando aún se domina la lengua extranjera, se recurre casi exclusivamente a
la lengua materna haciendo traducciones generalmente literales. Coincide con la
llamada interlengua en la que el aprendiz fabrica su propio lenguaje suele ser
una etapa transitoria entre lo imperfecto y lo perfecto o por lo mejor la
búsqueda de la perfección.»
Comprenons
par cette affirmation que pendant le processus d’apprentissage, l’apprenant
fait recours à sa langue maternelle. Celui-ci crée donc sa propre langue appelée
interlangue.
L’erreur
étant inhérente à l’apprentissage, il serait donc prétentieux de dire que ce
travail permettra de réaliser un apprentissage de langue étrangère ou seconde
en générale et en particulier de l’espagnol sans erreur. Le but recherché est
tout simplement d’orienter le linguigologue sur les zones de difficultés des
apprenants afin d’y apporter des stratégies pour amenuiser les erreurs des
ceux-ci.
RÉFÉRENCES
CHAMPAGNE-MUZAR, C
et BOURDAGES, J.S (1993) : Le point sur la
phonétique, Paris, Clé International, p.76
CORDER, S.P. (1967):
“The significance of learner’s errors”, inInternational
Review of Applied Linguistics, pp. 161-169.
CORDER, S.P. (1971):
“Describing the language learner’s language”, CILT Reports and Papers,
pp. 156-173.
FRIES,
CH. (1945): Teaching and learning English as Foreign
language. Ann Arbor: Michigan UniversityPress.
HURTADO ALBIR, A. (2001):
traducción y traductologίa,
Introducción a la traductología, Madrid, Cátedra,
JACKSON, H. (1981):
“Contrastive analysis as a predictor of errors, with reference to Punjabi
learners of English”, en FISIAK, J. (ed) (1981): Contrastive
Linguistics and the language Teacher. Oxford, Pergamon,
pp. 195-205.
KONÉ, S. (2014): La
traducción Filogógica y la Interpretación en el Ámbito Escolar y
Profesional: Teoría y Práctica.NuevosEscritores.
LADO, R. (1957): Linguistics
Across Cultures, Applied Linguistics for Language teachers. Ann
Arbor:The Universityof Michigan.
LICERAS, J. M. (1992): La
Adquisición de las lenguas Extranjeras. Hacia un modelo del análisis de la
interlengua. Madrid. Ed: Visor Dis., S.A.
MAILFERT, A. (2013): Eveil
aux langues et éducation au pluriliguisme. Linguistique. Dumas
00845509.
MARTÍNEZ AGUDO, J. (2004): Transferencia
lingüística en el aprendizaje de una lengua extranjera, Granada, Grupo
Editorial Universitario.
NEMSER, W. (1971) :"Approximative
Systems of Foreign Language Learners”. IRAL,9,
pp115-123.
PORQUIER, R. (1974) : "Études
de Linguistique Appliquée". Paris. Vol.16, pp105-111.
REASON, J. (1993):
L’Erreur humaine, Paris, PUF.
SELINKER, L. (1972) :
“Interlanguage”, in International Review of AppliedLinguistics, 10, 3,
pp. 209-231.Traducción al español de MARCOS, M., en LICERAS, J.M. (comp.) “La
adquisición de las lenguas extranjeras” (págs. 79-101). Madrid: Visor. (1992).